La petite histoire du changement d’heure

C’est Benjamin Franklin qui aurait évoqué pour la première fois le concept de changement d’heure dans le Journal de Paris du 26 avril 1784. Dans sa lettre, Benjamin Franklin explique avoir été réveillé un matin à 6 heures et avoir constaté que la lumière naturelle du soleil pouvait remplacer la lumière des bougies et des chandelles. Il expose alors un calcul selon lequel la seule ville de Paris pourrait économiser jusqu’à 96 075 000 livres tournois par an, en cire et suif, en utilisant la lumière du soleil (pendant les six mois d’été seulement).

En France, le changement d’heure a été instauré deux fois. 

• La première fois en 1916 : après que l’Allemagne et le Royaume-Uni l’aient mis en place dans le but d’économiser les ressources en énergie, comme le charbon à l’époque. L’heure d’été est ensuite abandonnée en France à la libération en 1944 ;
• La seconde fois en 1975 : l’heure d’été est réintroduite en France à la suite du choc pétrolier de 1973 ayant entraîné la flambée du prix du pétrole. Le but étant d’économiser l’énergie en limitant l’éclairage le soir en profitant d’une heure d’ensoleillement en plus.

Le changement d’heure était censé être une mesure provisoire mais s’est pourtant étendu dans l’Union européenne et perdure encore aujourd’hui.

Le changement d’heure a été généralisé au sein de l’Union européenne dans les années 1980. Dans un premier temps, chaque pays était libre de fixer librement sa propre date de changement d’heure. Puis, pour simplifier les échanges au sein de l’UE, la directive 2000/84/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 janvier 2001 concernant les dispositions relatives à l'heure d'été a permis de fixer une date commune à tous les états membres :

• Le passage à l’heure d’été a lieu au mois de mars, dans la nuit du dernier samedi au dimanche ;
• Le passage à l’heure d’hiver a lieu au mois d’octobre, dans la nuit du dernier samedi au dimanche.

En France, l’heure légale est définie par le décret n° 2017-292 du 6 mars 2017 qui stipule que : 

« I. - Le temps légal (ou heure légale) sur le territoire de la République française est fixé par référence au temps universel coordonné (UTC) établi par le Bureau international des poids et mesures (BIPM) dans le cadre de la conférence générale des poids et mesures.

II. - Dans le cadre de la coordination de la métrologie française et des règles fixées par le BIPM pour l'établissement du temps universel coordonné, l'Observatoire de Paris est chargé d'établir la valeur locale de l'UTC, dénommée « temps légal de base », et de la fournir aux utilisateurs. »

Concrètement, c’est donc l’Observatoire de Paris qui est responsable de fournir l’heure en France. Pour rappel, c’est aussi l’Observatoire de Paris qui avait mis en place l’horloge parlante. Ce dispositif, qui permettait d’obtenir l’heure exacte par téléphone, a finalement été supprimé récemment : le 1^er juillet 2022. Comme le précise Michel Abgrall, ingénieur de recherche CNRS qui dirige le service des Références nationales du temps à l'Observatoire de Paris : « De moins en moins de gens appelaient. Mais ce n'est pas la seule raison à cet arrêt. Depuis que la téléphonie passe par internet, et donc la technologie numérique, les délais de propagation du temps ne sont plus aussi bornés qu'avec l'analogique. Il y a un décalage et Orange, qui assurait la diffusion de l'horloge parlante, ne garantissait plus l'heure exacte. »*

Le dispositif de changement d’heure est de plus en plus controversé. À tel point que la Commission européenne avait lancé une consultation publique en 2018 au sein de l’UE. Suite aux résultats obtenus : plus de 84 % des répondants étaient favorables à la suppression du changement d’heure, la Commission européenne avait alors présenté un projet de directive (adopté par le Parlement européen en 2019) qui prévoyait de supprimer le changement d’heure dès l’année 2021. Chaque pays membre était libre de choisir s’il souhaitait rester en heure d’été ou en heure d’hiver. 

Mais la crise sanitaire liée au Covid-19 a mis en pause ce projet de suppression de changement d’heure, qui n’a, pour le moment, jamais été remis à l’ordre du jour.