L’énergie houlomotrice, définition
Il s’agit de l’énergie contenue dans la houle. En effet, sous l’influence du vent, l’eau maritime crée des oscillations, et quand celles-ci se rapprochent de la côte, des vagues se forment en créant un mouvement perpétuel, une répétition de va-et-vient d’une grande masse d’eau.
Les avantages et les limites de l’énergie houlomotrice
Elle représente un grand intérêt, notamment parce qu’elle est abondante et largement renouvelable, mais aussi parce qu’elle est prédictible. On peut en effet estimer les niveaux de puissance disponibles des vagues un à deux jours à l’avance. Si l’énergie des vagues reste variable, son rythme n’est pas intermittent comme celui du solaire ou de l’éolien. De fait, l’énergie houlomotrice pourrait donc être essentielle pour compléter les énergies renouvelables et apporter au réseau l’équilibre dont il a besoin sans recours aux énergies fossiles.
En revanche, elle connaît quelques limites, car les matériaux utilisés pour la récupération d’énergie doivent être résistants aux intempéries, à la rouille, tout en restant fiables. De plus, une centrale d’énergie houlomotrice aurait un impact sur la pêche, la faune environnante et sur les voies de circulation marine. Le tout implique de forts investissements, sans même parler du raccordement des installations au réseau, et cela revient à dire que le prix de la production, actuellement, n’est pas vraiment rentable.
Si une cinquantaine de projets tests ont été installés un peu partout dans le monde, aucune grande usine à énergie houlomotrice n’existe à ce jour, car les technologies doivent encore faire leurs preuves.
Plusieurs techniques pour transformer la houle en électricité
Les différentes solutions pour récupérer l’énergie houlomotrice sont variées, tantôt à la surface de l’eau, tantôt immergées, elles peuvent se trouver au large ou sur le rivage.
Les procédés existants, même s’ils restent à l’étude pour se perfectionner, peuvent être classifiés en trois grands systèmes.
Les colonnes d’eau oscillante
Dans cette solution, les ballottements de l’eau dirigent des bouées flottantes qui montent et descendent avec les vagues. L’eau oscillante s’engouffre alors dans des colonnes immergées et agit comme un piston, poussant l’air dans une sorte de chambre. Cet air est donc mis sous pression et son flux met en marche des turbines qui produiront de l’électricité en actionnant un générateur.
Les plateformes à déferlement
Ces dernières sont équipées de plans inclinés face à la direction des vagues qui viennent alors se briser sur cette plateforme pour remplir des réservoirs surélevés. Ces derniers déclenchent une turbine en se vidant.
Un système posé en fond marin
Des caissons flottants sont reliés entre eux par des câbles et des charnières articulées en sous-sol marin. Le déplacement des corps flottants par la houle crée de l’énergie qui est récupérée par les articulations et emportée à la turbine qu’elle actionne grâce à la compression d’un fluide qui peut être de l’eau ou de l’huile.
Les colonnes d’eau et les plateformes à déferlement peuvent être installées en pleine mer ou sur la côte.
L’énergie houlomotrice à travers le monde
L’association Ocean Energy Europe a publié une étude en mars 2022, estimant qu’en 2021, des projets houlomoteurs testés ont cumulé une puissance de 12,7 MW en dix ans.
La surface maritime qui peut être exploitée pour la production d’énergie houlomotrice est grande, et c’est ce qui en fait une énergie prometteuse, car elle pourrait être à l’origine d’une quantité importante d’électricité avec très peu d’émissions de CO2.
Un des chercheurs principaux du laboratoire national des énergies renouvelables (NREL, dans le Colorado), Levi Kilcher, explique que “du fait de la jeunesse de cette filière, il est difficile d’estimer la quantité d’énergie que les futures technologies pourraient capter”.
Si une cinquantaine de projets houlomoteurs sont en cours dans le monde, quelques-uns restent notables en France.
En effet, en juillet 2023, une conférence de presse a été tenue par des élus de la Communauté d’agglomération du Pays basque et de la Région Nouvelle-Aquitaine concernant un projet de ferme houlomotrice qui devrait s’installer au large de Biarritz. Un objectif ambitieux, mais pas impossible, qui prévoit de fournir 30% de l’électricité du Pays basque en 2030.
Au large de Brest, une start-up a installé un prototype de convertisseur houlomoteur. Testé en conditions réelles dans les prochains mois, Seaturns espère une commercialisation en 2025 de son appareil après des essais de son prototype à taille réelle.
En 2020, le groupe breton Legendre (spécialisé dans la construction, l’immobilier et l’énergie), GEPS Techno (conception de systèmes énergétiques en mer) et l'Ifremer (institut en sciences et technologies marines) ont entrepris et développé un projet de digue portuaire intégrant un système de récupération d’énergie houlomotrice, DIKWE. Des tests sur prototypes effectués pendant plusieurs mois se sont montrés concluants et un démonstrateur à taille réelle devrait être implanté en Bretagne en 2024. Ce projet permettrait non seulement de produire de l’énergie, mais aussi de protéger les ports du littoral de tempêtes houleuses.
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