Le biométhane, c’est quoi ?
Le biogaz est un gaz issu de la fermentation de matières organiques, une sorte de compostage géant, ce qui le rend naturel et renouvelable. La dégradation des éléments peut avoir lieu soit en milieu naturel, soit de manière artificielle, se faisant dans des digesteurs et c’est ce que nous appelons la méthanisation. Le biogaz est alors composé de méthane, à hauteur de 50 à 70 % et de 20 à 50 % de CO2.
Le biométhane est conçu par l’épuration de ce biogaz, procédé par lequel on enlève le CO2, le sulfure d’hydrogène et l’eau restante.
La méthanisation quant à elle, quand elle est réalisée artificiellement, se fait dans un lieu confiné, le digesteur. Une fois que la matière est dégradée, et le gaz récolté, il reste une part de résidu appelé le digestat qui sera donc traité avant d’être répandu sous forme d’engrais, une très bonne alternative aux produits chimiques.
Comment fabrique-t-on le biométhane ?
Le biométhane est fabriqué dans des usines de méthanisation. Ces dernières collectent et stockent des déchets issus notamment de l’agriculture ou de l’agroalimentaire puis les trient avant de les déposer dans de grands réservoirs hermétiques et sans oxygène.
Ces déchets sont ensuite mélangés et chauffés, ce qui produit une fermentation accélérée de laquelle se dégage un premier mélange de gaz.
Certaines installations proposent aussi de récupérer le méthane qui s’échappe des décharges. Cela permet entre autres de récupérer le gaz afin de le traiter et de l’utiliser, ce qui fait diminuer l’utilisation des énergies fossiles tout en empêchant le méthane ainsi obtenu de se dégager dans l’atmosphère.
La valorisation des déchets passe donc par le biométhane, mais il existe d’autres moyens de la réaliser, notamment la biomasse.
À quoi peut servir le biométhane ?
Lorsque le dioxyde de carbone, l’hydrogène sulfuré et l’eau ont été sortis du biométhane, ce dernier a alors une composition chimique identique à celle du gaz naturel. De fait, il peut être utilisé pour la production de carburant, d’électricité, d’eau chaude sanitaire et de chauffage ainsi que pour la cuisine.
Quels sont les atouts du biométhane ?
En plus d’être une possibilité pour les industriels et les agriculteurs de valoriser leurs déchets, le biométhane leur permet de devenir acteur d’une filière en vue d’une économie circulaire sur le territoire. Aussi, cela donne aux agriculteurs d’avoir accès à un engrais naturel grâce au digestat. Il y a bien d’autres vertus…
Une émission de méthane dans l’atmosphère et un besoin de combustion réduits
La production de méthane ayant lieu dans des cuves hermétiques, elle permet d'empêcher une émission de méthane dans l’atmosphère. Le méthane est un gaz à effet de serre jusqu’à dix fois plus nocif que le CO2 en termes de réchauffement global, car il a une grande capacité à piéger la chaleur.
Le biométhane pourrait être une des solutions pour se détacher de l’importation de gaz naturel. Entre notre dépendance au gaz russe qui a posé problème notamment lors de la déclaration de guerre en Ukraine et la hausse du prix du gaz, ce n’est pas anodin.
Une aide aux objectifs et un soutien au réseau
Le biométhane qui, comme nous l’avons vu, a les mêmes propriétés que le gaz naturel, peut être injecté sur le réseau. De plus, il participe aux objectifs de la transition énergétique pour 2030 qui veulent atteindre les 40 % de production d’électricité verte.
L’injection de biométhane dans le réseau de gaz naturel, géré par GRDF, est autorisée depuis 2011, et il est possible aujourd’hui de souscrire à des offres de biogaz.
L’utilisation du biométhane comme carburant
En effet, le biométhane se montre aussi vertueux dans le cadre du transport. Il rejette moins d’agents polluants et permet aux véhicules d’être moins bruyants. Dans son rapport de 2007, l’ADEME explique que le biométhane propose une meilleure valorisation du biogaz. Si on le compare aux véhicules alimentés au gasoil ou à l’essence, il se trouve que le biométhane permet une réduction atteignant presque 80 % des émissions de gaz à effet de serre avec une réduction drastique des particules fines et des fumées de pots d’échappement.
Fin 2023, c’est plus de 300 stations publiques qui proposent du bioGNV.
Si la métropole lilloise détient un bus roulant au biométhane depuis 2006, la RATP propose depuis 2015 un plan d’action pour faire passer les bus de ville au biométhane ou à l’électrique d’ici à 2025.
Et si le biométhane promettait une sortie du gaz naturel ?
L’hydrogène vert aujourd’hui propose de belles perspectives, mais la production de biométhane est moins chère et mieux maîtrisée actuellement pour le déploiement d’une énergie renouvelable.
La Commission européenne soutient la production de biométhane et on estime que ce dernier pourrait couvrir jusqu’à 10 % de la demande de gaz européenne d’ici à 2030 et atteindre les 35 % d’ici à 2050.
Vous l’aurez compris, si la filière du biométhane se développe tout en étant soutenue, elle pourrait être une solution pour la France de se désolidariser de sa dépendance au gaz naturel.