Quel est l’impact des vagues de froid sur le réseau électrique ?

Avant de déterminer l’impact des vagues de froid sur le réseau électrique, commençons par définir clairement ce qu’est une vague de froid.

Selon Météo France, une vague de froid se caractérise par : 

• Son intensité ;
• Sa persistance (au moins 3 jours) ;
• Son étendue géographique.

Pour qu’une vague de froid soit caractérisée au niveau national, la température moyenne doit répondre à plusieurs critères : 

• Passer au moins une fois sous les -2°C ;
• Ne pas remonter au-dessus de 0,9°C pendant une période de plus de deux jours ;
• Être interrompue dès que la valeur de la température est supérieure à 2,2°C.

Les épisodes de froid connus par la France la semaine du 8 janvier 2024 et du 15 janvier 2024 ne sont ainsi pas considérés comme des vagues de froid selon Météo France. 

Pour autant, qu’il s’agisse ou non d’une « vague de froid », la baisse intense des températures, les chutes de neige et l’apparition de verglas, entraînent les mêmes conséquences : 

• Sur la santé des populations : l’exposition prolongée à des températures glaciales peut entraîner de nombreux problèmes de santé (des risques d’hypothermie notamment) ;
• Sur les transports : circuler en voiture sur des routes enneigées et/ou verglacées peut entraîner des accidents. Le froid peut aussi perturber le trafic ferroviaire et aérien ;
• Sur la faune et la flore : le froid affaiblit les animaux et les plantes, les cours d’eau peuvent geler et entraîner des inondations ;
• Sur la consommation électrique de la France : les périodes de froid entraînent généralement une hausse considérable des besoins en chauffage et en eau chaude sanitaire des ménages et donc de leur consommation en électricité.

Voyons plus en détails l’impact du froid sur le réseau électrique français.

Dans un communiqué publié sur son site le 9 janvier 2024, RTE, le gestionnaire du réseau de transport électrique, explique que la chute des températures, associée à la reprise économique d’après les fêtes de fin d’année, a eu des conséquences immédiates sur la consommation électrique du pays. 

Le gestionnaire explique aussi qu’en hiver, chaque baisse de 1°C de la température entraîne une hausse de la demande en électricité de 2,4 GW en moyenne, soit l’équivalent de la consommation en électricité d’une ville comme Paris. 

L’augmentation de la demande en électricité intervient surtout sur les créneaux de pics de consommation : 

• Le matin, entre 7h et 11h : ce créneau horaire correspond à la reprise de l’activité économique ;
• Le soir, entre 18h et 20h : le créneau auquel les Français rentrent chez eux et font fonctionner leurs équipements pour le chauffage, l’éclairage et la cuisson du repas notamment.

La semaine du 8 janvier 2024 a connu un épisode de froid intense avec des gelées nocturnes et des chutes de neige importantes. 

À cette occasion, RTE a recensé un pic de consommation d’électricité pour la journée du mercredi 10 janvier 2024. À 12h00, la consommation globale au niveau national a atteint 82582 MW et 83524 MW à 19h00. À titre de comparaison, un mois plus tôt, le 10 décembre 2023, la consommation d’électricité en France s’élevait à 55595 MW à 12h00 et à 57700 MW à 19h00.

Pour autant, RTE souligne que ces niveaux de consommation se situent en-dessous de ceux enregistrés sur la période de référence 2014-2019 pour le mois de janvier (même en période de froid intense). 

De plus, contrairement à l’hiver précédent, qui laissait penser à des risques possibles de pénuries et de coupures d’électricité, le gestionnaire se veut très rassurant quant à la sécurité de l’approvisionnement pour l’hiver 2023/2024. 

Et ce, pour plusieurs raisons : 

• Le niveau de consommation électrique du début de l’année 2024 confirme que les Français poursuivent leurs efforts en matière de sobriété énergétique entamés depuis l’hiver 2022/2023 (avec une baisse de 7,5 % de la consommation électrique nationale enregistrée au 31 décembre 2023) ;
• Une forte disponibilité du parc nucléaire, conforme aux prévisions présentées par RTE en novembre 2023 (en janvier 2024, le parc nucléaire compte 47 réacteurs disponibles, soit 5 réacteurs supplémentaires, comparé à janvier 2023. Ce qui représente une production de plus de 50 GW) ;
• Une production hydraulique élevée, qui représentait la 2^ème source de production d’électricité le mercredi 10 janvier en France (derrière le nucléaire) ;
• Des capacités d’importation d’électricité importantes si besoin, grâce notamment à des températures clémentes jusqu’ici, une bonne disponibilité en matière de production nucléaire, un niveau record de production issue de l’éolien en Europe et des échanges commerciaux entre les pays de l’UE fluides (avec notamment le renforcement des interconnexions entre la France, la Belgique, le Royaume-Uni et l’Italie). 

Le meilleur moyen de réduire l’impact d’une période de froid sur le réseau électrique est de continuer à adopter des écogestes au quotidien, comme par exemple :

• Ne pas chauffer les pièces de votre logement au-delà de 19°C ;
• Éteindre les lumières dans les pièces inoccupées ; 
• Décaler au maximum l’utilisation de vos équipements énergivores (lave-linge, sèche-linge, lave-vaisselle) en dehors des pics de consommation ;
• Éteindre les appareils électriques en veille ;
• Privilégier les douches rapides aux bains (pour limiter votre production d’eau chaude sanitaire et donc la consommation électrique de votre chauffe-eau) ;
• Recharger votre véhicule électrique sur les créneaux de creux de consommation, etc.