Des solutions pour renforcer les réseaux électriques face au changement climatique ?

Comme nous avons pu le constater, le changement climatique a des impacts sur le réseau électrique actuel. Comment pallier les différents effets, et comment renforcer le réseau pour que les conséquences potentiellement prévues ne l’affectent pas ? Le réseau de transport de l’électricité a quelques propositions inscrites dans leur rapport dans le rapport “Futurs énergétiques 2050”.

Que faire pour renforcer le réseau électrique existant ?

La solution la plus efficace connue pour sécuriser l’approvisionnement est l’enterrement des lignes de basse et moyenne tension. Si sa durée de vie, une fois les lignes enterrées, est plus importante et allongée d’environ vingt ans, l’enfouissement de ces dernières quant à lui reste très onéreux. Le coût des travaux se répercuterait sur la facture d’énergie. L’Agence de coopération des régulateurs d’énergie (ACER) entend que ce dernier serait huit fois plus important que l’installation aérienne. Une alternative est de remplacer les pylônes existants, capables de résister à des vents de 170 km/h par des infrastructures ayant une résistance aux vents de 250 km/h.

Il est de même mis en avant la protection des réacteurs nucléaires. En effet, la tempête de 1999 ayant entraîné l’inondation de la centrale du Blayais a fait prendre conscience des aléas climatiques et de leurs impacts sur la production. Dès lors, des dispositifs anti-cascade ont été mis en place. Ils ont pour but de supporter la montée des eaux des fleuves servant à refroidir les centrales et empêcher que la chute d’un pylône entraîne celle des suivants grâce à des pylônes d’ancrage ou d’arrêt.

L’élargissement des tranchées forestières est aussi pensé, pour éviter qu’une chute d’arbre en cas de tempête vienne abattre des pylônes ou encore couper des lignes à basse ou moyenne tension.

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Bon à savoir

Le réseau du transport de l’électricité travaille en parallèle au renforcement des fondations de certains pylônes existants afin de les rendre plus résistants aux tempêtes.

Qu’en dit le réseau du transport de l’électricité (RTE) ?

La première mission de RTE est de veiller à la sécurité de l’approvisionnement. Pour ce faire, il est dans l’obligation de prendre en compte l’intégralité des problématiques, y compris celles qui peuvent être amenées par les aléas climatiques. Dans son rapport “Futurs énergétiques 250”, publié en octobre 2021, RTE explicite une étude sur la sécurité du réseau incluant les paramètres sur le changement climatique.

Une volonté de résistance à la chaleur, mais aussi aux inondations

RTE appréhende chaque risque comme les tempêtes, les canicules, les orages, la neige, etc. Un plan de sécurisation mécanique a été mis en place de 2001 à 2016, et à ce jour, il se concentre sur les deux risques majeurs : canicule et inondations.

Le réseau a lancé en 2019 le Plan résilience avec lequel il explique “étudier l’exposition de [ses] ouvrages à ces événements selon plusieurs scénarios climatiques” et il précise que les travaux à réaliser seront alors décidés, car “l’objectif est de combiner au maximum les travaux liés à la vétusté avec la mise en résilience”.

Un travail de concert avec des données météo et l’intelligence artificielle

RTE est partenaire de différents organismes pour disposer de projections le plus précises possibles. Parmi eux, on retrouve l’Institut Pierre Simon Laplace, une fédération de recherche spécialisée sur le climat regroupant les expertises de huit laboratoires.

Pour renforcer ces données, RTE utilise “l’intelligence artificielle pour étudier les événements extrêmes à fort impact afin de les caractériser”.

Pour répondre aux exigences de la transition énergétique, RTE s’emploie à définir les composants du système électrique de demain comme, par exemple, la mise en place de postes électriques de nouvelle génération, des automates décentralisés et des contrôles de commandes numériques.

Le réseau, qui pilote en temps réel environ 100 000 km de lignes sur l’ensemble de l’hexagone, développe différents outils pour gérer le flux et l’équilibre de l’offre et de la demande. C’est ainsi que RTE s’appuie sur des assistants intelligents tels que Apogée. Ce dernier est un outil d’intelligence artificielle en cours de développement pour hiérarchiser les informations et les alertes concernant le réseau afin de prévoir au mieux et le plus précisément possible les interventions à réaliser par les agents du réseau au niveau régional et national.

Bon à savoir

Les énergies renouvelables font intégralement partie des études de RTE pour la sécurisation du réseau, et ce, avec des équipements de surveillance de prévention tels que des drones, etc.

Renforcer la stabilité du réseau avec les énergies renouvelables

Le grid forming est une des solutions envisagées par RTE pour stabiliser l'apport d’énergies renouvelables sur le réseau. En effet, ces dernières pourront venir soutenir le fonctionnement du réseau électrique grâce à un système de batteries. RTE les appelle le “chef d’orchestre”, car elles génèrent leurs propres sous forme d’ondes et de fréquences spécifiques. Elles peuvent alors permettre à l’énergie verte de se stabiliser en cas de perturbation du réseau suite à l’arrivée d’un incident quelconque.

Pour RTE, la faisabilité est présente et la section de recherche et développement (R&D) travaille, grâce à des tests en laboratoire concluants, à réaliser des tests à l’échelle industrielle. Le programme R&D a été lancé en 2021 et s’appuie sur deux sujets de grande importance tels que la résilience du réseau d’électricité et les enjeux sociétaux de la transition énergétique.

Bon à savoir

La question du changement climatique ne se posait pas ou peu lors de la construction des réacteurs nucléaires actuels, mais son appréhension doit aujourd’hui être prise en compte dès la conception des futurs, notamment la montée des eaux.

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