MaPrimeRénov’ amputée d'un milliard d'euros

En effet, dire que l’enveloppe est rabotée est un abus de langage, car c’est un petit peu plus complexe. Dans les faits, il devait initialement y avoir une augmentation de 1,6 milliard d’euros dans la cagnotte dédiée à MaPrimeRénov’. Sur décision de l’État, celle-ci ne sera “que” de 600 millions d’euros alors que le gouvernement gardera le milliard supplémentaire.

Si l’annonce en elle-même ne fait pas l’unanimité, l’État a annoncé le 18 février devoir faire des économies à hauteur de 10 milliards en 2024. Or, pour lui, 80% des habitations qui seront occupées en 2050 sont déjà construites à ce jour et il se doit d’accompagner au mieux la population à rendre l’efficacité énergétique de leur logement plus grande.

L'objectif du gouvernement

Si elle est une aide majeure pour tous les propriétaires et propriétaires bailleurs en matière de rénovation, cette réduction de budget alloué se justifie par la détérioration de l’économie, et ce, au niveau mondial. Cette dernière s’explique notamment par la hausse des taux, par le ralentissement économique chinois, mais aussi par celui de l’Allemagne.

Afin d’alléger cette chute, Bruno le Maire explique que cette mesure vise à “refroidir la machine”, même si son objectif premier était d’augmenter le budget, le faisant passer de 2,6 à 4 milliards d’euros entre 2023 et 2024. L’enveloppe sera donc finalement de 3 milliards.

MaPrimeRénov’ : une aide maximum de 20 000 € par foyer

Les montants de la prime peuvent varier, mais le plafond par foyer reste fixé à 20 000 € sur cinq ans.

Versée par l’Anah à la fin des travaux et sur justificatifs (dont une facturation effectuée par un artisan qualifié RGE), elle repose sur deux critères principaux tels que la nature des travaux à effectuer et le revenu fiscal du foyer.
Les travaux de rénovation énergétique ont tous des barèmes particuliers. Vous ne pourrez pas prétendre à la même somme selon que vous réalisez l’installation de panneaux solaires ou l’isolation des combles par exemple.

Un autre fait a motivé la décision : il se trouve que 300 millions alloués au dispositif n’ont pas été utilisés sur la période 2023. Pour certains, comme Jean-Christophe Repon, le président de la confédération de l’artisanat, le budget n’est pas la problématique majeure, mais son fonctionnement l’est. Il précise alors que  “le budget de MaPrimeRénov’ n’a pas été consommé puisque l’accès était bien trop complexe et que pas assez d’entreprises étaient sur le marché de la rénovation énergétique”.

Y a-t-il un risque de manque de financement ?

De nombreux professionnels du bâtiment s’insurgent et la Fédération française du bâtiment poste sur X (anciennement Twitter) un statut laissant paraître son agacement : “[une] coupe franche trois jours seulement après l’échange avec les ministres de la Transition écologique et du Logement afin de relancer MaPrimeRénov’. Où est la cohérence ?”.

Le ministre des Comptes publics, quant à lui, explique que si la demande baisse, la prime allouée peut elle aussi être diminuée. Thomas Cazenave a alors déclaré qu’ils révisent “le budget [consacré] à MaPrimeRénov’. Il va continuer à augmenter, mais de manière moins importante. D’abord, car on doit faire des économies et d’autre part parce que Christophe Béchu a entrepris une révision du calcul du diagnostic de performance énergétique (DPE) qui peut changer le nombre global de logements à rénover”. Il précise aussi que ceci n’est pas une renonciation de la part du gouvernement sur les objectifs de la transition énergétique mais bel et bien d’éviter le risque d’un manque de financement sur le long terme si les dépenses continuent d’augmenter sans contrôle.